Une amende de 120 millions expose la dépendance publique

Les polémiques et la dépendance numérique soulignent un affaiblissement de la souveraineté publique

Michel-Ande Gesmond

L'essentiel

  • Une amende de 120 millions d'euros conduit à la suspension d'un canal public européen par une grande plateforme
  • Le secteur public français reste dépendant depuis vingt ans des solutions de Microsoft
  • La cocaïne dépasse le cannabis en valeur sur le marché des stupéfiants selon l'Observatoire des drogues

La journée sur r/france ressemble à un ballet où la parole publique se drape d’indignation pour finalement dévoiler ses angles morts. Entre crispations identitaires, recomposition politique, et dépendances numériques qui serrent la gorge, l’hexagone navigue à vue, splendide dans ses principes et terriblement terrestre dans ses réflexes.

Paroles qui blessent, laïcité qui vacille

Les mots, quand ils claquent, laissent des traces: la polémique autour de la vidéo où Brigitte Macron traite des militantes de « sales connes » s’est propagée comme une brûlure froide, et l’on y a vu un pouvoir qui s’agace plus vite qu’il n’écoute, à travers une séquence devenue symbole d’un dialogue rompu. Au même moment, l’intime se fait politique: tandis que l’épouse du chef de l’État fustige, d’autres rappellent qu’un non-lieu n’efface ni les interrogations ni les colères.

"Après Les Misérables de Victor Hugo, découvrez Le Misérable par Nicolas Sarkozy..." - u/Yseader (295 points)

La parole médiatique n’est pas épargnée: lorsque la directrice de la rédaction de France Info associe la recherche du « vote musulman » à l’antisémitisme, c’est l’Arcom qu’on appelle à la rescousse, comme si le régulateur pouvait raccommoder ce qui s’effiloche à l’antenne. Et pendant que l’onde heurte, le quotidien découpe: à l’hôpital, des soignantes perçues comme musulmanes se voient traquées pour leurs couvre-chefs, révélant, derrière l’argumentaire d’hygiène, une laïcité instrumentalisée. Dans ce clair-obscur, l’élite elle-même se contemple, pathétique parfois: la lecture acide par Libération du Journal d’un prisonnier de Nicolas Sarkozy rappelle que l’on a souvent combattu le confort des autres avant de réclamer le sien.

"Donc n'importe qui peut être accusé selon des préjugés et procès d'intention." - u/Rjiurik (77 points)

On aimerait croire que le débat élève, et pourtant il rabote; on voudrait défendre l’universel, et l’on trahit des particularités. Le pays s’offre des principes lumineux, mais les applique parfois avec des gants de plomb.

Droite en recomposition, RN en théâtralisation

Au cœur du jeu, une fracture: Xavier Bertrand réaffirme son attachement au front républicain, refusant l’« union des droites » qui embrasserait l’extrême, dans une mise au point qui sonne comme un rappel. Pendant que la ligne se cherche, le Rassemblement national teste ses frontières morales en proposant de rouvrir les maisons closes, parant d’organisation et de coopératives un sujet où la dignité s’use vite, et où les mots « encadrement » et « exploitation » se côtoient sans jamais se reconnaître.

"Le RN ne tolère pas que l'on mélange le blanc avec le jaune...." - u/Codex_Absurdum (42 points)

La politique devient farce quand la satire paraît plus vraisemblable que les discours: la chronique du jour sur la « poule expulsée » réveille un rire nerveux, celui qu’on étouffe devant une normalisation qui avance en souriant. Dans ce théâtre, l’ange parle prudence et le démon murmure opportunité; le public, lui, s’habitue.

Souveraineté en tension: plateformes dominantes, marchés parallèles

Quand l’État prend la parole, il apprend désormais que le micro n’est pas à lui: après une amende record, X suspend un canal public européen, signalant que les clés de la place publique numérique sont détenues ailleurs. Et au-delà de l’arène, l’infrastructure obéit aux mêmes seigneuries: le secteur public français reste tenu en laisse par une dépendance systémique à Microsoft, conséquence de vingt ans d’habitudes et de renoncements qui ressemblent à une capitulation douce.

"Il faut arrêter les communications étatiques sur les réseaux sociaux privés, épisode 574828..." - u/Synedh (645 points)

Et pendant que les tuyaux numériques se figent, les flux illicites prospèrent: l’Observatoire des drogues relève que la cocaïne a dépassé le cannabis en valeur, donnant au marché clandestin des allures d’économie dominante. Souveraineté affaiblie là-haut, impuissance organisée ici-bas: nos systèmes aiment l’ordre, nos réalités chérissent le désordre, et entre les deux se glisse ce pays qui tantôt brille, tantôt vacille.

Entre l'ombre et la lumière, je cherche encore la vérité. - Michel-Ande Gesmond

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Sources