16 septembre 2025

France troisième en millionnaires, mais l’épargne reste frileuse

Les avertissements sur la dette et la fiscalité renforcent un biais sécuritaire coûteux.

Sylvain Carrie

L'essentiel

  • Près de 29 millions de millionnaires dans le monde, la France au troisième rang
  • Généralisation du taux individualisé du prélèvement à la source qui redistribue les charges mensuelles des couples
  • Quinze ans d’expérience montrent que l’or n’offre ni rendement ni garantie contre l’inflation

Sur r/vosfinances, la semaine a exposé une France paradoxale: richesse patrimoniale flamboyante d’un côté, avertissements macroéconomiques et arbitrages fiscaux de l’autre. Au milieu, une base d’épargnants déchirée entre le confort des placements sans risque et la nécessité d’assumer une part d’incertitude pour ne pas décrocher.

Richesse affichée, fissures assumées

Le choc des générations s’affiche en grand: le débat sur le fait que les retraités disposent désormais d’un revenu supérieur aux actifs trouve un écho particulier dans la communauté, comme l’illustre le constat retentissant sur l’avantage relatif des retraités. Et quand un recensement des patrimoines à sept chiffres en France propulse le pays au troisième rang mondial, la ligne de fracture se lit surtout dans l’origine de cette richesse, souvent immobilière et héritée, plus que productive.

"Paix à l’âme pour tous ceux qui auront la double infortune de payer 60 % de taxes sur leur salaire toute leur vie et qui n’hériteront pas..." - u/kisof22 (457 points)

Dans le même temps, les signaux macro interrogent: la dégradation de la note souveraine ravive la question du coût de la dette et de l’allocation obligataire des ménages, pendant que la généralisation du taux individualisé du prélèvement à la source redistribue brutalement la charge mensuelle au sein des couples sans changer l’impôt total. Entre patrimoine hérité et trésorerie fragilisée, la tension est palpable.

Épargner sans vague, investir le monde

Le pays continue de plébisciter le coussin plutôt que l’élan: fonds en euros de l’assurance-vie, livret réglementé et immobilier locatif dominent, selon ce sondage de préférences pour la retraite. Les fonds indiciels cotés mondiaux, souvent logés dans un plan d’épargne en actions, restent minoritaires — signe d’une aversion au risque structurelle que l’inflation a pourtant rendue coûteuse.

"Et après on entend “attention à la bulle des fonds indiciels cotés”, on en est loin." - u/usernametakenbordel (164 points)

Derrière la prudence, la concentration des marchés nourrit une autre angoisse: la contraction du nombre de sociétés dans l’indice actions mondial phare et la part écrasante des États‑Unis posent la question du véritable degré de diversification. Les courtiers attisent le passage à l’acte avec des promotions de frais sur des fonds éligibles au plan d’épargne en actions, tandis qu’un jeu‑simulateur de chronométrage boursier rappelle que miser sur le bon moment reste, au mieux, une loterie.

Or refuge et produits mirages

L’or revient au banc d’essai: un partage d’expérience, quinze ans d’expérience à l’appui, démystifie l’actif: diversifiant, certes, mais sans rendement, capricieux face à l’inflation et prompt aux longues traversées du désert. Le message est clair: dosage parcimonieux, horizon long, et pas d’achat dicté par la peur.

"Investir dans l’or ne garantit pas une protection contre l’inflation : l’histoire récente montre même des années d’inflation élevée où l’or a reculé." - u/tampix77 (15 points)

Même exigence de lucidité face aux promesses trop généreuses: l’analyse de frais prélevés d’avance et d’illiquidité sur un montage commercialisé alerte sur l’empilement de coûts et l’exposition hors des circuits régulés. Morale de la semaine: avant de céder à l’argumentaire, lire les lignes petites, calculer l’addition, puis seulement décider.

Questionner les consensus, c'est faire du journalisme. - Sylvain Carrie

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Sources