Sur r/technology aujourd’hui, le récit se dédouble entre promesse exponentielle et réalité inconfortable. La ruée vers l’IA promet de tout avaler, pendant que la souveraineté numérique et la sécurité des personnes et des esprits vacillent. Trois scènes, une même tension: le pouvoir technologique grignote tout, mais il peine encore à prouver qu’il sait nous protéger.
IA sans frein: la vitesse, le fisc et nos capteurs
Le ton est donné par l’objectif de Google de doubler sa capacité de service IA tous les six mois, jusqu’à un millier de fois en quatre ou cinq ans. La faim de calcul, la pénurie de puces et la foi quasi religieuse dans l’échelle dessinent une bulle potentielle, où l’on « investit d’abord, on rationalise plus tard ».
"Tout le grand numérique traverse cela à des degrés d’absurdité variables. Mon équipe a été durement touchée et c’est sidérant à quel point l’IA est surajustée. Les gains de productivité doivent justifier le coût, sinon..." - u/e76 (920 points)
Cette accélération se propage au secteur public avec le fisc américain qui déploie des agents logiciels d’IA pour combler ses effectifs, pendant que nos téléphones deviennent des sismographes comportementaux grâce à une étude d’Apple montrant que des modèles peuvent déduire vos activités à partir de l’audio et des capteurs de mouvement. Dans ce contexte, la confiance vacille quand Google publie une mise au point et dément utiliser le contenu de Gmail pour entraîner Gemini — signe que l’IA ne gagnera pas sa légitimité sans contrats de transparence explicites.
Puissance des plateformes: frontières poreuses et design dangereux
La géopolitique numérique ne se cache plus derrière l’interface. Le cas d’un juge français mis à l’écart numériquement par des sanctions américaines révèle comment l’hégémonie des acteurs étasuniens suffit à vous couper d’un monde de services. Quand le droit trébuche devant des conditions d’utilisation privées, l’autonomie européenne devient un enjeu de première nécessité, pas un slogan.
"À quel point est-ce difficile d’installer des poignées et des loquets classiques ? Ces techno-gourous inventent des solutions à des problèmes qui n’existent pas. Tout n’a pas besoin d’être tactile. Tout n’a pas besoin d’être relié à une source d’alimentation." - u/Traditional-Hat-952 (139 points)
La même logique d’hubris de design se retrouve dans l’automobile, où la communauté relève la nouvelle plainte visant Tesla et l’examen accru de ses portes lors d’un accident mortel. Et le marché envoie un message simple à l’électronique grand public: le fameux iPhone « mince » peine à convaincre au lancement — preuve qu’entre prouesse esthétique et usage réel, l’utilité ressentie décide.
Attention abîmée, culture du choc et responsabilité
La fatigue cognitive n’est plus une intuition: un rapport sur les vidéos courtes associées à un déclin de l’attention et du contrôle inhibiteur fait écho à une plainte tentaculaire où des plaignants pointent des signaux ignorés par l’entreprise au cœur de la socialisation moderne, à travers sept accusations majeures visant Meta sur la sécurité des jeunes. L’économie de l’engagement a prospéré en mesurant les clics, pas le coût psychique.
"Meta imposait un seuil très élevé pour les contenus de traite sexuelle — jusqu’à seize signalements avant suspension. Meta est un site de traite humaine. Pourquoi cet homme n’est-il pas en prison..." - u/chilli_chocolate (537 points)
Au milieu de cette bataille pour l’attention, le public plébiscite aussi les détournements qui rendent l’opacité lisible, à l’image d’un outil viral qui recrée l’interface Gmail pour explorer les courriels de Jeffrey Epstein. C’est la même leçon que partout ailleurs aujourd’hui: quand les plateformes imposent leur théâtre, les communautés réinventent la scène pour retrouver le sens — et exiger des comptes.