La justice frappe Sarkozy, le pouvoir se durcit en France

En septembre, les tensions sociales s’exacerbent entre justice, ordre public et élites

Michel-Ande Gesmond

L'essentiel

  • Nicolas Sarkozy condamné à 5 ans de prison, signal fort de la justice
  • Un 7e Premier ministre de droite nommé, confirmant le repositionnement du pouvoir
  • À Marseille, le 18 septembre 2025, une manifestante bousculée relance le débat sur les méthodes policières

Ce mois-ci, la France s’est regardée dans un miroir fêlé, oscillant entre tendresse pour un ticket de métro centenaire retrouvé dans un livre et un dégoût lucide pour ses angles morts. Et pendant que l’on s’agrippe à ces reliques, l’époque nous assaille, à travers une illustration signée Soulcié sur l’étouffement par la pensée unique, de son refrain assourdissant.

Théâtres du pouvoir: promesses centristes, réalités tranchées

Dans la comédie nationale, il arrive que la satire prenne des airs de journal de bord: la nomination d’un septième Premier ministre de droite par un président se disant « ni de gauche ni de droite » a rappelé que le centre aime les lignes droites, surtout quand elles penchent. Et au loin, la scène internationale se prend au sérieux, jusqu’à l’auto-compliment, dans une bande dessinée sur l’« exemple » diplomatique français qui rassure autant qu’elle dérange: l’intention est noble, l’autosatisfaction, moins.

"Voilà le quinquennat qu'il mérite." - u/Zadraax (2060 points)

La justice, elle, parle sans emphase: la condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans fait l’effet d’un rappel sévère à la loi, même si la réalité des portes qui claquent demeure incertaine. Et tandis que la République ajuste sa robe, une image revient hanter l’écran collectif — la mémoire de Mohammed al-Durah — comme pour dire que les récits officiels passent, mais que les stigmates, eux, restent.

Pouvoir des récits, récits du pouvoir: médias et fortunes

Le mois aura surtout révélé l’indécence tranquille des injonctions venues d’en haut: l’intervention d’une héritière expliquant aux Français comment « faire des économies » rappelle qu’il est aisé de prêcher l’effort quand la pénibilité est une théorie. On voudrait y voir de la sagesse, on y lit surtout une surdité sociale.

"Au lieu de prolonger mon chômage, je commence à taffer plus tôt. Au lieu d'embaucher ou de remplacer un employé, je ne le fais pas. Trouvez l'erreur." - u/Juice-De-Pomme (2003 points)

À l’autre bout de la chaîne, la parole se cabre et se délite: une conversation familiale qui part en vrille dit la fragilité de nos liens, happés par des rhétoriques importées, des croyances recyclées, des médias qui se veulent pluralistes et finissent parfois en chœur monocorde. L’ange espère encore une agora, le démon grince: c’est peut-être un amphithéâtre où l’on parle plus fort qu’on n’écoute.

Violences en plein jour, refuges en sourdine

La rue raconte une autre vérité, brutale et dénudée: les images tournées à Marseille d’une jeune femme bousculée lors d’une manifestation révèlent un maintien de l’ordre qui oublie l’ordre de l’humain. On voudrait croire à l’incident isolé; on y voit un système qui s’accoutume à l’exception.

"Au moins il y a un flic sympa qui l'aide à se relever à la fin. Ah non c'est un civil." - u/protoctopus (486 points)

Et quand la violence cherche l’alibi du loisir, l’absurde affleure: des chasseurs propulsant des canards avec des machines pour mieux les abattre, comme si le vivant devait d’abord être vaincu puis abattu. Alors oui, on caresse parfois un vieux titre de transport pour se rappeler qu’un trajet peut encore avoir un sens; mais l’époque préfère les accélérations brutales aux destinations communes.

Entre l'ombre et la lumière, je cherche encore la vérité. - Michel-Ande Gesmond

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Sources