La réception d’un ancien président condamné fracture la confiance publique

Les reculs démocratiques, la surveillance de masse et l’austérité fragilisent justice et communs

Liza Virmax

L'essentiel

  • La réception d’un ancien président condamné à l’Élysée est confirmée à la veille de son incarcération, avec une visite ministérielle annoncée en détention
  • Un décret reconduit la rétention généralisée des métadonnées de communication, sans justification transparente de la menace
  • Les « 100 milliards » d’économies annoncés restent sans chiffrage crédible, tandis qu’un restaurant facture 65,90 euros la chaise d’un nourrisson

r/france gronde d’une même lassitude : la comédie du pouvoir continue, les puissants s’auto-protègent pendant qu’on resserre l’étau sur le reste du pays. En fond sonore, la technologie aspire le savoir commun et la marchandisation du quotidien s’invite jusqu’à la chaise d’un bébé. Le tableau est cohérent, sinistre et tristement prévisible.

République des copains, démocratie de papier

Il fallait oser le symbole : la réception à l’Élysée d’un ancien chef d’État condamné à la veille de son incarcération, suivie de l’annonce que le ministre chargé des prisons ira « voir » ce même ancien président derrière les barreaux. On appelle ça la compassion sélective, une fraternité de caste qui se serre les coudes quand il s’agit des siens et se veut inflexible pour les autres. Pendant que la mise en scène protocolaire s’étire, la confiance publique se délite, et c’est bien la justice, pas seulement l’homme, qui se voit humiliée.

"Toute ma vie, j’ai essayé d’être raisonnable et nuancé. Cette caste de privilégiés convaincue que la justice et les impôts sont pour les autres réhabilite la Terreur à mes yeux." - u/JG1313 (276 points)

La logique d’en haut ne se dément pas : cajoler les puissants, ficher les autres. C’est dans cet esprit qu’un décret de conservation de masse des données reconduit tranquillement la rétention généralisée de métadonnées au nom d’une menace jamais définie. On invoque la sécurité pour bypasser le débat démocratique, on collectionne les informations de tous au prétexte de quelques-uns, et on s’étonne ensuite du soupçon généralisé envers les institutions.

Budgets fantômes, dégâts bien réels

La politique budgétaire ne vaut guère mieux : les « 100 milliards » d’économies du parti d’extrême droite ressemblent à ces promesses qui s’effilochent dès qu’on demande des chiffres, pendant que l’alerte de Benoît Hamon sur un budget qui taille dans l’économie sociale et solidaire rappelle qui paie vraiment la note. On coupe dans le tissu vivant du pays, on protège les rentes, et l’on s’étonne que la société craque.

"Toujours la même approche à droite : “promis, on coupera que dans les trucs inutiles, on peut facilement économiser 72 mégabazilliards”. Puis on n’épargne jamais les copains, on taille chez les plus pauvres, et on explose le déficit à coups de cadeaux fiscaux." - u/Kinnins0n (124 points)

Et pour parachever le spectacle, la machine parlementaire se prend les pieds dans le tapis : quand une commission supprime par erreur une taxe sur les sociétés de portefeuille, on mesure le niveau d’illisibilité – ou d’incompétence, au choix. Les illusions comptables se payent cash sur le réel, mais les « erreurs » ne coûtent jamais à ceux qui les commettent.

Le savoir siphonné, la vie monétisée

Le même cynisme irrigue le numérique : pendant que la perte de trafic de l’encyclopédie libre face à l’intelligence artificielle révèle des modèles qui aspirent la connaissance sans retour, la base des usagers commence à bouger, entraînée par une migration vers les systèmes libres après l’abandon du support d’un vieux système propriétaire. Les communs se vident, les acteurs privés se gavent, et nous voilà sommés d’applaudir au nom du « progrès ».

"Cette encyclopédie est l’une des créations les plus importantes de l’humanité. Si elle s’effondre, notre avenir s’assombrit." - u/Silent-Swordfish-671 (221 points)

Dans le même temps, la souveraineté sur nos corps reste une bataille quotidienne : d’un côté, l’autorisation sans ordonnance de la pilule du lendemain au Japon arrive après huit ans d’atermoiements ; de l’autre, la logique du tiroir-caisse pousse un restaurant à assumer une politique tarifaire absurde qui facture 65,90 euros la chaise d’un nourrisson. Même combat, même morale : l’accès aux droits comme au savoir se monnaie, et les plus fragiles paient comptant.

Observer l'absurde est une chose. Reprendre son pouvoir individuel en est une autre. Osez-le! - Liza Virmax

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Sources