Le maintien de Sarkozy révèle une justice à deux vitesses

Les alertes sur la culture, le travail et la propagande s’accumulent

Liza Virmax

L'essentiel

  • La condamnation à trente ans de Cédric Jubillar relance le débat sur la médiatisation judiciaire
  • L’éviction d’un porte-parole après plus de 600 messages antisémites et homophobes expose un déficit de contrôle interne
  • Un projet d’arc pour les 250 ans des États-Unis illustre la priorité donnée au prestige sur les réformes démocratiques

Le fil du jour sur r/france ressemble à un miroir sale tendu à notre société : justice à deux vitesses, mythologies politiques pour maquiller la réalité, et techno-capital qui grignote la culture et l’emploi sans même s’essuyer la bouche. On veut nous faire croire que tout va bien pendant que l’institution s’effondre, la propagande s’installe, et la machine avale ce qui reste du commun.

Justice à deux vitesses et reproduction des inégalités

Le cynisme se porte bien : le maintien de Nicolas Sarkozy comme administrateur d’Accor et Lagardère malgré son incarcération fait éclater au grand jour la porosité confortable entre pouvoir, business et morale à vendre. Pendant que des employés lambda se font réclamer des attestations de probité, l’institution ferme les yeux, comme elle l’a trop longtemps fait face aux abus sexuels dans l’enseignement catholique à Nantes, où des décennies de témoignages tardent à fissurer la chape de plomb.

"Comme quoi le télétravail à 100% c’est possible. Quand on veut on peut ! Hein les patrons ?" - u/Lussarc (506 points)

Au rayon « faits divers devenus feuilleton national », la condamnation à trente ans de Cédric Jubillar alimente un voyeurisme morbide qui n’éclaire ni les mécanismes judiciaires ni la misère sociale qui s’y agrippe. Et pendant qu’on se gave de frissons, une étude rappelle qu’dès la maternelle, les enfants des classes populaires ont moins la parole, non pas par « retard » mais par biais institutionnel. L’inégalité commence tôt, et la justice la ratifie tard.

Pouvoirs, propagandes et mythologies publiques

La politique-spectacle continue son petit cirque : le projet d’un arc inspiré de l’Arc de Triomphe pour les 250 ans des États-Unis incarne la vieille manie de construire du prestige pour masquer les fissures démocratiques. À l’autre bout, un pouvoir préfère enterrer les morts plutôt que la vérité, comme le révèlent les chiffres sur les soldats russes tombés en Ukraine qui refont surface malgré l’omerta. Les monuments, ça se voit ; les cadavres, ça se compte… sauf quand on nie leur existence.

"Le type est connu pour être un nationaliste pro-Erdogan, il a publié + de 600 messages homophobes et antisémites et il est 'passé entre les mailles' ? Sérieusement, c'est une blague ?" - u/Ernst_Kauvski (331 points)

Et quand ce ne sont pas les États, ce sont les mouvements qui se tirent une balle dans le pied : l’exclusion du porte-parole de la Global Sumud Flotilla pour propos antisémites et homophobes rappelle qu’on ne lutte pas contre l’injustice avec l’ordure. Sans rigueur, la cause devient caricature et la solidarité se transforme en slogan creux, offrant sur un plateau aux adversaires le prétexte pour discréditer tout le monde.

Techno-capital contre culture et travail

La ligne de front culturelle est nette : le Japon ne mâche plus ses mots et dénonce Sora, le générateur de vidéos IA qui avale mangas et patrimoine au nom du « progrès » et du profit. Face à la prédation, certains résistent concrètement : la Fondation pour le logiciel libre lance Librephone, tentative radicale de libérer le smartphone des couches propriétaires qui verrouillent nos usages et nos libertés.

"De manière générale l’IA, ça fout le chaos dans le domaine culturel : elle se nourrit d’œuvres existantes sans consentement et tue la créativité." - u/Careful_History_1118 (249 points)

Le nerf de la guerre reste l’économie politique du futur : la question crue posée par qui travaillera et qui consommera demain renvoie à un monde où l’automatisation sert l’extraction de valeur au sommet et assèche le bas. Si la machine produit, les riches achètent et le reste survit, alors ce n’est pas une transition, c’est une dépossession. Et tant que la culture, le matériel et le travail seront capturés par quelques-uns, on continuera à appeler « modernité » ce qui n’est qu’une régression bien emballée.

Observer l'absurde est une chose. Reprendre son pouvoir individuel en est une autre. Osez-le! - Liza Virmax

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Sources