Austérité contestée, taxe à 2% relancée, numérique public décroche

Les tensions budgétaires croisent les exigences de probité et la quête d’autonomie technologique.

Michel-Ande Gesmond

L'essentiel

  • Proposition d’un prélèvement de 2% sur les très grandes fortunes, alors que certaines croissent d’environ 6% par an
  • Grève générale en Grèce contre l’allongement des journées de travail à 13 heures
  • Projet de suppression de l’Institut national de la consommation et de 60 Millions de consommateurs

Dans le miroir fissuré de r/france aujourd’hui, trois lignes de force se dessinent, comme des clairs-obscurs qui refusent de se rejoindre: la redistribution qui promet une respiration, l’austérité qui resserre l’étau; la transparence qui éclaire, les ombres qui s’accumulent; le logiciel libre qui espère, les services numériques publics qui trébuchent. J’aurais voulu chanter la cohérence, mais c’est la dissonance qui compose la musique du pays.

Redistribution contre austérité: le prix de l’équité

Un souffle d’espoir traverse les débats quand l’on observe l’allègement de l’impôt sur le revenu pour les classes moyennes au Brésil, geste populaire qui réenchante l’idée de justice tout en compliquant l’arithmétique budgétaire; au même moment, un écho français résonne avec la proposition de Joseph Stiglitz, dont la taxe sur les très grandes fortunes prétend raccommoder le tissu social en prélevant une part modeste là où s’accumule l’excès. Entre promesse de mieux-vivre et défi de crédibilité, la balance hésite, l’ange incline, le démon sourit.

"Ce n'est pas la somme d'argent qui les motive; ils veulent être les plus riches, gagner à ce jeu du Monopoly. Alors 2% quand la fortune croît de 6% par an, ce n'est vraiment pas beaucoup." - u/According-Ad3533 (89 points)

Puis le réel frappe comme un marteau: la grève générale en Grèce contre les journées de 13 heures rappelle que l’on peut prétendre créer des emplois tout en allongeant la fatigue, que l’on peut brandir des indicateurs verts en oubliant les corps; en France, la lame de fond budgétaire menace jusqu’à l’utilité commune avec un projet de liquidation de l’INC et de 60 millions de consommateurs, geste qui économise aujourd’hui ce que l’on risque de payer demain en défiance. Le mouvement social, lui, observe, grince, et prépare ses réponses.

Transparence contre ombres: le besoin de comptes

La clarté parfois tranche: une enquête vivante met en lumière les dérives de nos représentants avec l’application des Jours recensant les « casseroles » des députés RN, pendant qu’un journal d’enquête remet l’aiguille sur le sillon des faits dans l’analyse de la manipulation du Point autour de l’affaire Sarkozy-Kadhafi. La vérité avance au pas, hésite, trébuche parfois, mais reste ce fil d’Ariane qu’on ne peut couper sans se perdre.

"On devrait faire cela pour tous les politiques. Ces gens-là donnent des leçons qu’ils sont incapables de tenir eux-mêmes; cela me débecte." - u/OrigaDiscordia (169 points)

Et dans la pénombre, les symboles s’accumulent: l’affaire du psychanalyste Gérard Miller placé en garde à vue pour viols perce l’écran des postures, tandis qu’un pétrolier « fantôme » russe arraisonné au large de Saint-Nazaire rappelle que les zones grises ne s’arrêtent pas aux secrets d’alcôves mais flottent aussi sur les eaux, avec leurs flux d’argent et leurs drones sans visage. Les institutions enquêtent, et le public exige; entre prudence et impatience, la crédibilité se négocie chaque jour.

Souveraineté numérique: promesse de liberté, fatigue des usages

À douze jours de l’ultime souffle d’un système devenu encombrant, une mobilisation citoyenne réenchante le possible avec le mouvement « Adieu Windows, bonjour le Libre », où ateliers et entraide proposent Linux comme remède à l’obsolescence et reprise de contrôle des données; un geste délicat, presque pur, qui croit à la durabilité plus qu’au marketing. Mais la même journée dévoile le revers banal et cruel du numérique public, lorsque la désuétude d’une appli d’État rappelle que sans maintenance, tout progrès sonne faux.

"Appel d’offres, champagne; maintenance trop chère, contrat non renouvelé; l’appli vieillit, on recommence… et on ressert le champagne." - u/Poney33 (87 points)

La souveraineté numérique n’est pas qu’un slogan: elle exige des moyens, une continuité, une humilité technique qui préfère l’architecture à la façade. Entre la liberté rêvée des systèmes ouverts et la réalité rugueuse des marchés publics, l’ange nous murmure patience, le démon nous crie de récrire tout, tout de suite; il faudra pourtant une méthode, et une mémoire, pour que la promesse tienne au-delà du frisson.

Entre l'ombre et la lumière, je cherche encore la vérité. - Michel-Ande Gesmond

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Sources